Concerts
Un aperçu des programmes de nos concerts passés, présents et futurs.
Nature et Modernité
L.W. Beethoven (1770-1827) Symphonie Pastorale
Arnold Schönberg (1874-1951) Verklärte Nacht, op.4
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« Personne sur terre ne peut aimer la nature plus que moi. J'aime un arbre plus qu'un homme. » — Ludwig van Beethoven
Créée en 1808 en même temps que la Symphonie n°5, la Symphonie n°6 « Pastorale » constitue une exception dans la période « héroïque » de Beethoven. Il y peint sur cinq mouvements un univers naturel idyllique, des scènes de campagne où se mêlent des thèmes de musique folklorique et des bruits de la nature qu'un orage vient troubler. Dans cette symphonie, Beethoven dresse un tableau des sentiments profonds de l'homme face à la nature dans lequel il déploie une écriture résolument moderne ouvrant ainsi le chemin au romantisme.
Dès la parution de l'œuvre, Michael Gotthard Fischer – organiste et compositeur – livre sa transcription pour sextuor à cordes de la Symphonie n°6 au public des salons d'Europe. Dans son écriture visionnaire, il a su utiliser avec subtilité les timbres et la puissance des six instruments à cordes pour restituer la pensée de Beethoven, et en ce sens cette transcription prend naturellement sa place dans le répertoire de la musique de chambre.
En 1899, Arnold Schönberg – fondateur de l'école de Vienne – s'inspire d'un poème de son ami Richard Dehmel et compose Verklärte Nacht en hommage à son amour d'alors Mathilde Zemlinsky.
« Vos poèmes ont exercé une influence décisive sur mon développement en tant que compositeur. Ils ont été ce qui m'a poussé à trouver un ton lyrique nouveau. Ou plutôt, je l'ai trouvé sans chercher, en reflétant simplement dans ma musique ce que vos vers éveillèrent en moi. »
Écrite pour sextuor à cordes, constituée d'un seul mouvement, l'œuvre suit la forme et le cours dramatique du poème ; on évolue du registre sombre de la nuit froide en ré mineur à la transfiguration en ré majeur, à l'image de ce couple qui marche dans la nuit et que l'on va suivre de l'aveu au pardon.
Jugé coupable d'audaces harmoniques inconsidérées dans une société viennoise très conservatrice, Arnold Schönberg revendique sa singularité tout en s'inscrivant dans le sillage de Richard Wagner et de Johannes Brahms.
« Ma nuit transfigurée se réclame de Wagner dans son traitement thématique d'une cellule développée au-dessus d'une harmonie très changeante, mais également de Brahms dans sa technique de développement par variations. »
Inspirées par la nature et son immensité, Verklärte Nacht et la Symphonie Pastorale sont deux symboles du romantisme allemand. Séparés par un siècle d'histoire, situés chacun à une extrémité de l'arc du 19e siècle, ces deux chefs-d'œuvre nous proposent deux visions de « l'Œuvre Monde ».
Brahms
Johannes Brahms (1833-1897) Sextuor à cordes n°1 en si b Majeur, op.18
Sextuor à cordes n°2 en sol Majeur op.36
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Proclamé par Schumann comme un génie qui avait reconnu en lui "la suprême expression de son époque", Brahms est l'un des compositeurs les plus importants de la période romantique. Son oeuvre couvre tous les genres, sauf l'opéra. Allant de la sonate à deux au sextuor à cordes, la musique de chambre tient une place importante dans la production de Brahms. D'un genre totalement dédaigné ou presque par Liszt et Wagner, Brahms reprend le flambeau de la musique de chambre hérité de Beethoven, Schubert, Mendelssohn et du maître Schumann. Pouvant atteindre la puissance et l'éclat d'un orchestre à cordes, le sextuor tient une place de choix dans le répertoire de chambre du compositeur allemand; ayant la douceur de l'été et la variété des couleurs de l'automne, les six instruments rendent l'intensité des amours dans l'opus 18 tandis que l'opus 36 laisse s'exprimer la nostalgie innée des voix d'altos et des violoncelles.
Achevé en 1860, le premier sextuor est nommé "Frülingsextett", sextuor du printemps. Brahms y affiche une tendresse pour les contrastes ombre et lumière. Plusieurs dédicaces à ces maîtres ponctuent l'oeuvre comme dans le Scherzo, animé des staccatos revisités des réjouissances paysannes de la Symphonie Pastorale de Beethoven ou encore dans le mouvement lent qui fait écho au fameux air baroque "la Follia" ainsi qu'à la Chaconne de Bach pour violon seul. Quant au deuxième sextuor, il est intimement lié au souvenir récurrent d'Agathe von Siebold à laquelle Brahms s'était brièvement fiancé. Son nom est encodé dans le thème conclusif de l'exposition du premier mouvement qui tourne autour des notes allemandes A-G-A-H-E, la-sol-la-si-mi.
Le Quintette pour piano et cordes op. 34 est d'abord rédigé pour cordes seules en 1861. Poussé par Clara Schumann et son ami Hermann Lévi, il "réorchestre" l'ouvrage et en fait un chef d'oeuvre de la musique de chambre.
L'esprit de la musique de chambre de Brahms est celui de la "musique pure" ou, comme disent les allemands, de la "musique absolue", et bien qu'elle soit imprégnée du passé, la musique de Brahms regarde vers l'avenir.
Shoenberg, Zemlinsky & Dehmel
Arnold Schönberg (1874-1951) Verklärte Nacht, op.4
Alexander von Zemlinsky ( 1871-1942 ) Maiblumen Blühten Überall
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A l'aube du 20e siècle, Richard Dehmel, poète et dramaturge allemand, jouissait d'une grande popularité. Il aurait sans doute été ignoré aujourd'hui si de nombreux compositeurs n'avaient pas trouvé, dans sa poésie pleine d'images et de passion, un langage idéal pour la musique.
Zemlinsky et Schönberg, pourtant tous deux fascinés par la théorie des nombres et très proches dans la vie, n'auront pas le même parcours sur le chemin de la musique du 20e siècle.
Zemlinsky, lui, ne dépassera jamais les frontières de la musique tonale. Il considérait le concept de composition du dodécaphonisme presque blasphématoire, alors qu'il fut l'un des premiers a dirigé les oeuvres atonales de son ami Schoenberg. Elève de Bruckner et héritier de Mahler et Strauss, Zemlinsky sera et restera un compositeur post-romantique expressionniste.
Histoire tragique d'un amant et de sa dulcinée, Maiblumen blühten überall est une mise en musique des deux premières strophes du poème de Dehmel, Die Magd (1898). L'oeuvre pour soprano et sextuor à cordes inspira Schoenberg un an plus tard pour sa Nuit Transfigurée. Zemlinsky, touché par cette tragédie humaine où une jeune veuve décide de se suicider avec son enfant, nouveau-né, ne travaillera qu'une partie du poème, y voyant là une entité à part entière.
Schönberg compose Verklärte Nacht en 1899 pour déclarer son amour à Mathilde, soeur de Zemlinsky, qu'il épousera en 1901. Il s'inspire donc d'un poème de Dehmel également, tiré de Zwei Menschen (1896). Le texte met en scène deux amoureux se promenant dans les bois sous la lueur de la lune. La femme a un terrible aveu à faire à son amant, elle porte un enfant qui n'est pas de lui; la sincérité et la profondeur de son amour pour elle font de cet enfant le leur. Le lyrisme du jeune Schönberg nous entraîne dans l'univers affectif des amants. Il y exprime par la musique une large gamme d'émotions allant de l'intimité à l'extase dans un environnement subtilement envoûtant. Dehmel dira : "J'avais d'abord l'intention de suivre les motifs de mon texte dans son oeuvre, mais j'y ai vite renoncé tant j'étais sous le charme de la musique". De forme finalement simple, ce poème exprime constamment la dualité des conflits homme-femme, sujet-objet, lumière-obscurité.
Ici, rien n'est résolu mais bien transfiguré.
Utilisant les techniques de développement des variations de son maître Brahms sur fond d'esthétique wagnérienne, Schönberg innove avec de nouvelles formes expressives.
La Nuit Transfigurée, d'abord écrite pour sextuor à cordes puis réorchestrée en 1917 puis 1943, est la première oeuvre de musique de chambre écrite comme un poème symphonique.
Beethoven & Berlioz
L.W. Beethoven (1770-1827): Symphonie Pastorale
Hector Berlioz (1803-1869): Nuits d'Eté
Berlioz était un fervent admirateur et promoteur de la musique de Beethoven.
Il a su reconnaître immédiatement l’innovation majeure et le génie dans les procédés d’écriture du compositeur de la Symphonie "Eroica" .
Humanisme, révolutions, grandes dimensions et modernité : voilà ce qui lie ces deux compositeurs .
Tous deux inventeurs de nouvelles formes de symphonies, mais également dans l’expression de l’intime.
Ce programme propose un voyage où se côtoient simplicité et richesse de la Nature, sublimées par le geste musical de deux génies du romantisme.
« La Pastorale « de L.V Beethoven (sa sixième Symphonie ) ici transcrite en 1810 pour sextuor à cordes par Michael-Gotthard Fischer, nous livre les sentiments complexes de l’Homme observant la Nature.
On peut la qualifier de première véritable symphonie romantique dans l’histoire de la musique.
L’architecture de cette œuvre va inspirer Berlioz notamment , qui va devenir maître dans la Symphonie « à programme ».
Les Nuits d’Eté de Hector Berlioz, tout d’abord écrite pour voix et orchestre sur des poèmes de Théophile Gauthier, ici arrangées par François Miquel, nous livre un chef-d’œuvre d’émotion intime qui révèle également le lien entre l’Homme et la Nature, qui lui inspire tant de passions.
Crées entre 1834 et 1840 par son épouse Marie Reccio, son premier recueil de mélodies lui ouvre les portes du succès dans toutes les salles d’Europe.